Un an après la nomination de Milan, un bilan préoccupant...

Le 31 mars 2009 fut pour Milan l’anniversaire de sa victoire sur Smirne et pour nous l’heure de faire le bilan des événements passés, des polémiques, des scandales et de l’avancement des travaux, bref voici le bilan d’une année riche en rebondissements.

Essayons de garder un certain optimisme, même si il n’existe pas réellement de points fixes sur lesquels faire confiance pour le futur.
Dans un premier temps parcourons de nouveau les étapes les plus importantes de cette tumultueuse victoire.

31 mars 2008
Milan est choisi pour être la ville qui accueillera l’Expo 2015, organisation de grandes fêtes lors des jours suivants, mais très rapidement apparaissent les premières critiques, en commençant par Celentano qui parle d’une «coulée de ciment» et même le premier critiquera les tours de Citylife en projet. On commence a faire les premières hypothèses de «ragots». Letizia Moratti parle déjà de loi pour l’Expo.

Mai 2008
Les premiers conflits d'intérêts font leur apparition. Letizia Moratti voudrait être élue «commisario straordinario» de l’Expo, mais cette nomination tarde à arriver.

Juin 2008
Letizia Moratti est enfin élue commissaire de l’Expo, mais les ennuis commencent avec Tremonti qui menace de destiner des fonds à Rome plutôt qu’à Milan. Les acteurs principaux du feuilleton Expo sont alors d’un côté Moratti contre Formigoni (pour la nommination de Glisenti comme administrateur délégué) et d’un autre côté Filippo Penati qui est d’accord avec Formigoni. La loi pour l’Expo fait aussi son apparition et on commence à discuter de la société de gestion de l’Expo.

Juillet 2008
Le décret sur la société tarde à arriver et un ballet de nomination démarre: oui à Paolo Glisenti comme administrateur unique, mais Berlusconi, entre-temps, signe un décret qui déplace le pôle de décision plus à Rome qu’à Milan. On parle d’infrastructures mais si les fonds ne sont pas là, et le premier août tombe la nouvelle que le décret est à refaire depuis le début.

Août 2008
Letizia Moratti est furieuse concernant la non nomination de Paolo Glisenti comme administrateur et menace de démissionner. Début des tensions avec Tremonti qui avait proposé une solution alternative. Les congés passent et en septembre Calderoli annonce que le décret est quasiment terminé.

Septembre 2008
Les polémiques sur Paolo Glisenti continuent et toujours aucun décret à l’horizon

Octobre 2008
Les dires sur la non existence de décret pour l’Expo arrivent jusqu’à Paris et le BIE pose à Moratti un ultimatum la date du 2 décembre. Finalement le décret verra le jour le 23 octobre.

Novembre 2008
Le décret est là mais les doutes sur les fonds ne disparaissent pas. Des rumeurs concernant l’abandon de Milan circulent même. Diana Bracco est nommée représentante de la chambre de commerce.

Décembre 2008
La Soge est créée, juste à temps pour la réunion du BIE. Diana Bracco est nommée présidente de la société de gestion et l’on cherche à trouver avant Noël les fonds manquants aux premiers travaux. Mais aucun financement n’est trouvé et Polo Glisenti n’est pas nommé administrateur délégué.

Janvier 2009
Tremonti stoppe encore les travaux, cette fois à cause des salaires des membres du conseil d’administration de la Soge. Glisenti renoncera au sien jusqu’à fin mars pour le bien de l’Expo.

Février 2009
Tremonti bloque les fonds pour les investissements avec une circulaire, toute la commune se retourne contre lui. On se demande même si il ne serait pas mieux d’abandonner. Pour Castelli, le dossier Expo risque d’être rapidement archivé et on lui proposera même de prendre la place de Moratti. Berlusconi pose son ultime veto sur Paolo Glisenti. De nouveaux postes au sein du conseil d’administration de la Soge se profilent. Le gouvernement promet un investissement économique et le Cipe débloque les fonds pour les grands travaux. Mais le conseil d’administration est à reconstruire.

Douze mois après la nomination de Milan, tout est encore au point mort, seules les litiges et les polémiques réussissent à faire parler de l’événement. Si les polémiques n’avaient pas existé, j’aurais eu beaucoup de mal à alimenter ce blog, les articles auraient été très rares. Même la tardive création du conseil d’administration n’a abouti à rien de concret. Après l’ère Glisenti, l’ère Stanca semble déjà montrer des signe de fatigue.

Concernant les travaux, pas une brique, pas un centimètre d’asphalte, pas un centimètre de rail n’a été posé et pas même un euro n’a été dépensé. Rien ne s’est passé pour les travaux essentiels à l’Expo, victimes des tensions entre les pouvoirs politiques et économiques, de la course pour les meilleurs postes, de la dégénérescence des projets provoqué par les entrepeneurs,et des appétits grandissants pour les opérations immobilières colossales en plein temps de crise.
Et quand est-il des deux nouvelles lignes de métro, la quatre et la cinq? Et des autres infrastructures? Les grandes voies d’eau, les grandes voies de terre, les pavillons internationaux, les parkings souterrains, les autoroutes...?

Autre point noir, le budget. A qui revenait la mission d’être à la tête du budget pour l’Expo? A Moratti, au président de la régions Lombardie, au président de la province, au ministre de l’économie, à la Lega Nord? Le choix de Letizia Moratti s’est arrêté et fixé sur Paolo Glisenti et ce dernier en a profiter pour s’octroyer les pleins pouvoirs et un salaire de 8 millions d’euros jusqu’en 2015. S’en est alors suivi une longue polémique qui se terminera par le retrait définitif de Glisenti du projet Expo. Aujourd’hui Lucio Stanca vient d’être nommé au poste de Glisenti et pour l’heure son travail consiste à revenir au point de départ et à récupérer les 365 jours perdus.

Voici donc le bilan peu encouragent de la première année de Milan en tant que ville d’accueil de l’exposition universelle. Bilan d’autant plus préoccupant lorsque l’on sait que l’Expo représente un grand risque d’infiltration mafieuse et que les intérêts en jeu pour la mafia sont plus importants que ceux pour la construction du pont de Messine...